Hêtre
Le hêtre européen (Fagus sylvatica) est une espèce d’arbre à feuilles caduques, originaire d’Europe, de la famille des Fagaceae qui comprend en outre le chêne et le châtaignier. Il fait partie des essences nobles sélectionnées par les forestiers.
Le hêtre a reçu, au cours des âges et selon les régions, de nombreuses dénominations dérivées de son nom latin fagus : faye, fau, faon, fayard, favinier, fouteau… On retrouve souvent ces noms dans celui des communes ou des lieux-dits, ainsi que dans les noms de famille. Le nom de hêtre vient du vieux germanique hester.
Répartition
On trouve le hêtre dans le Vallon de la Lizerne (entrée de la vallée Derborence), unique hêtraie du Valais central.
C’est un arbre de longévité moyenne de 150 à 200 ans allant exceptionnellement jusqu’à 300 ans. C’est un arbre de plaine et de basse montagne (jusqu’à 1500 m). Son aspect varie selon le traitement forestier. En futaie, il peut avoir un grand tronc très dégagé avec un houppier étroit et des branches dressées, tandis qu’isolé, son tronc est très court avec un houppier large et haut, aux branches étalées.
Le hêtre fructifie à partir de 60 ou 80 ans. Cette fructification qui a lieu tous les ans, est très abondante sur tout le massif forestier l’année suivant un été chaud, ensoleillé et sec, mais jamais deux années de suite. Son fruit, la faîne, est très apprécié des rongeurs mais aussi, autrefois, des enfants. C’était un aliment de disette, utilisée aussi pour la nourriture des porcs.
Description
En futaie, les individus typiques ont un tronc droit à l’écorce lisse gris-clair, les cimes sont imposantes et très ramifiées. Le bord des feuilles comporte des poils.
Habitat et exigences
Climat de températures variées avec une constante d’humidité. Peu exigeant sur les sols à condition qu’ils soient bien drainés. On le trouve en montagne jusqu’à 1500 m.
Les sous-bois de hêtraie sont très sombres et très peu d’espèces végétales sont capables de survivre dans ce milieu où le soleil perce à grand peine. Le hêtre dans ses premières années a besoin d’ombre ; les jeunes sujets redoutent par-dessus tout un ensoleillement excessif. En forêt, dans une « coupe blanche », il germe et meurt de dessèchement. Sous les chênes au feuillage clairsemé, il croît très vite et les dépasse. Il les recouvre de son feuillage dense et les fait mourir par manque de lumière. Heureusement, sur le plan commercial, le chêne est très nettement supérieur au hêtre et les forestiers en assurent la survie en détruisant les jeunes fayards d’un coup de serpe à 10 cm du sol (ce qui donne un magnifique départ de bonsaï par la suite). L’enracinement est puissant et peu profond (voire superficiel) et de grosses racines se répartissent dans toutes les directions.
Peu difficile quant à la nature du sol, le hêtre a pour exigences majeures : une atmosphère humide (des précipitations bien réparties tout au long de l’année ou des brouillards fréquents) et un sol bien drainé : il ne résiste pas à l’excès d’eau. Il préfère les sols peu fertiles, calcaires ou légèrement acides. Ainsi, le trouve-t-on plus volontiers à flanc de coteaux qu’au fond d’une cuvette argileuse. S’il est bien résistant aux froids rigoureux de l’hiver, le hêtre est particulièrement sensible aux gelées de printemps. Le rôle des mycorhizes dans la croissance du hêtre est considérable. Sans mycorhize, le hêtre ne pourrait vivre ni se développer normalement. Ce rôle est complexe et peut être ainsi schématisé : protection chimique et mécanique des racines contre les bactéries, élaboration de substances de croissance, amélioration dans d’alimentation en éléments minéraux et en eau de l’arbre. Les partenaires fongiques du hêtre sont : les bolets, les lactaires, les amanites, les girolles, les cortinaires et les hébélomes.
Phénologie
Le débourrement des bourgeons a lieu tardivement. Entre autres signes et indices biologiques ou chimiques, le hêtre reconnaît le moment propice à l’éclosion à la durée journalière d’ensoleillement. C’est pour cette raison que le débourrement du hêtre a lieu chaque année fin avril, début mai avec une remarquable précision (à peu de jours près). Chaque bourgeon contient depuis sa formation au cours de l’été précédent, la totalité des feuilles qui composeront le rameau (entre 3 et 11). Comme chez de nombreux feuillus, le bourgeon terminal émet au printemps une hormone inhibitrice qui freine le développement des bourgeons adventifs. Cette tendance, très forte au début de leur existence, s’affaiblit chez les vieux sujets.
Ce n’est qu’après le débourrement que la croissance des racines commence : il apparaît d’abord de très fines racines (de diamètre inférieur à 0,5 mm) puis après la vague d’allongement aérien, des racines moins fines croissent de façon rythmique.
Utilisation du bois
Le bois du hêtre est très utilisé dans la fabrication de nombreux objets et ustensiles. Son grain fin et court en fait un bois facile à travailler notamment en petite menuiserie. Des chaises aux avirons en passant par les escaliers, le hêtre sait tout faire à condition qu’il n’y ait pas de longue portée (charpente) et qu’on ne le laisse pas dehors. En effet, le bois de hêtre pourrit facilement s’il n’est pas protégé par de la créosote, un goudron à base de distillat de sa propre écorce (comme pour les traverses de chemin de fer). C’est le meilleur bois de feuillu connu pour la pâte à papier, et il est actuellement abondamment exploité pour cet usage. C’est aussi un excellent bois de chauffage. Ce sont les bois d’éclaircie, de moins bonne qualité qui sont destinés à ces deux derniers usages.
Facile à imprégner et à colorer (mis à part le cœur rouge), à enduire et à coller. Le bois est plus facile à usiner une fois étuvé mais cela augmente sa tendance à se gondoler et à se fissurer et provoque une couleur chair. Sciage parfois difficile : risques de fentes. Finition excellente. Le hêtre est un des bois les plus résistants. Il est donc très employé dans le siège de style. Il offre actuellement le meilleur rapport résistance/facilité de traitement. Bonne résistance à la compression. Un peu raide en flexion. Peu fissile et peu résilient.
Symbolique
Symbole de sagesse, il est l’un des quatre piliers (avec le chêne, le bouleau et l’olivier) de l’année solaire chez les anciens Celtes. Rien ne remplace la puissance calorifique de son bois.
Vertus médicales
Les faînes contiennent 40% de matières grasses. On les fait bouillir comme des châtaignes ou on les broie pour en faire un beurre aux propriétés vermifuges ou parasiticides.